Suite au renforcement de ses pouvoirs législatifs et de ses prérogatives en matière de nomination de la Commission, le Parlement européen se présente de plus en plus comme un véritable parlement. Read More
L’assemblée formée par le Parlement européen est la seule institution communautaire issue du suffrage universel direct, mais elle souffre pourtant d’un déficit de visibilité et de légitimité, comme en témoigne le recul régulier de la participation électorale depuis 1979. La capacité de ses membres à représenter les citoyens apparaît ainsi comme un enjeu central pour la légitimation de l’Union européenne et la structuration d’un espace politique supranational.
Si les recherches sur les votes d’assemblée montrent que le clivage gauche-droite – calqué sur le modèle de la politique nationale – joue un rôle croissant dans l’organisation interne des débats, les pratiques individuelles des parlementaires restent mal connues dans leur diversité et dans leur hétérogénéité. En effet, les députés n’ont pas pour seule tâche de voter sur des directives ou des règlements au cours des séances plénières à Strasbourg : ils participent aux travaux de commissions parlementaires, adressent des questions à la Commission et au Conseil, organisent des auditions publiques, reçoivent des pétitions, contribuent aux débats politiques dans leurs partis, informent leurs électeurs des initiatives communautaires, etc.
Cet ensemble d’activités, qui constituent véritablement le travail de représentation, est au cœur du présent ouvrage. Comme le montre l’auteur, les comportements des députés européens, loin de s’uniformiser, obéissent à des logiques contrastées dont le concept sociologique de rôle est le mieux à même de rendre compte. Cinq types de rôle correspondant à des interprétations différentes de la fonction parlementaire européenne – l’animateur, le spécialiste, l’intermédiaire, le contestataire et le dilettante – sont mis au jour à partir d’entretiens avec 78 députés de 11 nationalités. S’inscrivant dans la perspective d’une sociologie interprétative, l’analyse s’attache à retracer les contours de ces rôles et à montrer qu’ils correspondent à des attitudes différenciées à l’égard de l’intégration européenne et à des trajectoires de carrière particulières.
La structuration de l’espace politique européen ne reproduit pas simplement des schémas nationaux préétablis : elle a sa logique propre qui dépend largement des modes d’investissement de l’Europe par des acteurs politiques rationnels.