À travers des contributions de diverses disciplines, cette enquête montre très concrètement que la puissance heuristique de la narration est un levier indispensable à toute pratique de l’argumentation. Elle montre aussi que si les deux registres concourent ensemble à une rationalité pleinement incarnée, ils ne se confondent jamais totalement. Lire la suite
Au cœur de la modernité, il serait vain de discuter le fait que l’argumentation et la narration relèvent de deux registres de discours bien distincts. D’un côté, la narration a pour fonction de représenter des événements, de donner du sens à une situation, de construire un récit auquel une communauté ou un individu peut s’identifier. Ainsi, la narration aurait pour visée première, essentielle, de donner du sens au monde, individuellement ou collectivement. D’un autre côté, l’argumentation est reconnue comme une fonction supérieure du langage, dont la visée complexe est de convaincre ou de persuader autrui, et cela, le plus souvent, en vue de lui faire prendre une décision. Pourtant, au-delà de cette distinction essentielle, les traditions philosophiques, linguistiques mais aussi psychologiques ou juridiques, n’ont jamais manqué d’observer des liens, des interactions et même parfois des rapprochements spectaculaires entre narration et argumentation. Questionner ces liens revient essentiellement à réévaluer notre vision de la rationalité, mise en œuvre par la parole publique. Au-delà d’un clivage figé et, pour tout dire, artificiel entre raison logique et émotions romantiques, se trouve manifestée une raison rhétorique qui sait mettre en récit ses arguments et incarner ses décisions dans l’expérience humaine.
Remerciements
Liste des abréviations
Introduction
PREMIÈRE PARTIE – La quête de nouvelles incriminations
Chapitre I. – Préparer la répression des crimes internationaux (1914-1945)
Un précédent (1914-1918)
Débats en temps de guerre (1940-1945)
Chapitre II. – La Commission belge des crimes de guerre
Le rôle de la Commission
Définir les crimes de guerre
Les modes d'investigation
Les extraditions
Le rapport historique sur « la persécution antisémitique en Belgique »
Un bilan mitigé
Chapitre III. – L'élaboration de la loi du 20 juin 1947
La compétence des juridictions militaires
La qualification des faits et le problème de la non-rétroactivité des lois
Qui juger ?
L'ordre du supérieur
Les règles de procédure
Chapitre IV. – La mise en œuvre de la loi
La circulaire de l'auditeur général
L’opinion des auditeurs militaires
Le procès de la Sipo-SD de Charleroi
Chapitre V. – Les cas français et luxembourgeois
L’ordonnance française
La loi luxembourgeoise
DEUXIÈME PARTIE – Au cœur d’un procès
Chapitre I. – Un inculpé ordinaire
Itinéraire d’un policier nazi
L’administration militaire et la traque des Juifs
La Judenabteilung au quotidien
Les arrestations individuelles : moteur de la déportation
Le cadre juridique des arrestations raciales
Chapitre II. – Une enquête d’exception
Rôle et responsabilité de Siegburg à travers son discours
Tentatives d’homicide
L’assassinat de Hillel Erner
Chapitre III. – Un procès à rebondissements
L’importance du témoignage en justice
Le tribunal
L’exposé des faits
Les audiences publiques
Chapitre IV. – Un jugement d’exception
Des SS flamands volent au secours de Siegburg
L’arrêt de la cour militaire
Chapitre V. – Le cas Lambert Namur : un contrepoint luxembourgeois
L’accusé
Le premier procès devant la justice belge
Le deuxième procès devant le Tribunal spécial de Luxembourg
Épilogue. – Et les autres ?
Conclusions
Sources et bibliographie
Annexes
Index
Interview