« L’essence d’une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun, et aussi que tous aient oublié bien des choses ». L’ouvrage pénétrant de Filippo Focardi est une illustration magistrale de cette phrase d’Ernest Renan. Lire la suite
En Italie, comme dans tous les pays européens engagés dans le conflit, la seconde guerre mondiale a légué un « héritage pervers », fondé sur l’opposition entre l’Allemagne nazie, démoniaque, fanatisée par une idéologie barbare, et une Italie victime du fascisme et hostile à la guerre de Mussolini ; entre les « méchants Allemands », brutes sanguinaires implacables, arrogants, « des hommes qui ne sont plus des hommes », et les « bons Italiens », pacifiques, solidaires des opprimés et des persécutés.
Déjà bien présents dans la propagande alliée, ces stéréotypes contrastés ont servi de ciment aux fragments de mémoires éclatés laissés par la guerre : les mémoires des soldats engagés sur le Don ou dans les sables d’Afrique, des prisonniers italiens tombés aux mains des Allemands ou des Alliés, des résistants de la première heure, des civils victimes des rafles et des déportations nazies ou des viols perpétrés par les troupes alliées…
Après l’armistice du 8 septembre 1943, monarchistes, populistes, antifascistes de tout bord, … tous participèrent, à la construction du « mythe fondateur » de la nouvelle Italie qui cherchait à exorciser un passé embarrassant afin de retrouver sa place dans le concert des nations et d’éviter la paix punitive promise à l’Allemagne.
Compte rendu