Dans le livre dont voici la traduction française, George P. Fetcher dresse une véritable synthèse du libéralisme et du communautarisme. Read More
George P. Fletcher pose un problème crucial. De nombreux débats tournent aujourd’hui autour de la question de l’éthique libérale, ou de la morale de l’impartialité : la justice est représentée avec un bandeau sur les yeux, le juge ne fait pas acception de personnes, il décide indépendamment de ses préférences, attachements, loyautés personnels. Et la laïcité ne réside-t-elle pas justement en ceci que l’État doit être celui de tout le « laos » - de tout le peuple - et non d’une de ses parties dont il soutiendrait la conception (non partagée par tous) de la vie bonne ? Bref, le droit et la politique, en se détachant, du moins idéalement, des loyautés particulières, incarneraient les progrès de la modernité.
Or cette conception individualiste et universaliste de la société est, nous rappelle Fletcher, depuis quelque temps rudement mise à l’épreuve par un courant, dit « communautarien » : les représentants les plus éclairés de ce mouvement reprochent au libéralisme et au principe abstrait d’impartialité de ne pas prendre en compte la nécessaire solidarité des sociétés démocratiques. L’individu des droits de l’homme serait l’homme privé, replié sur sa sphère d’existence protégée, désertant la vie publique et citoyenne, pourtant indispensable à une défense vigilante des droits de l’homme. La contestation du libéralisme s’opérerait dans ce cas au nom des idéaux démocratiques eux-mêmes. Le sens de la chose publique nécessite un engagement citoyen, une loyauté à la nation et à ses idéaux - au mieux universalistes. Mais comment créer et entretenir un tel sentiment de loyauté ?
Fletcher donne, dans le présent ouvrage, une analyse très subtile des dimensions de la loyauté et de ses limites. Il analyse les décisions les plus importantes de la Cour Suprême concernant par exemple le Serment de Fidélité à la Nation et le fait de brûler, pour des raisons politiques, le drapeau américain. Sa grande culture historique et religieuse lui permet d’étudier les diverses formes de loyauté et leurs tensions parfois tragiques.