Loin d’être la résurgence d’une question obsolète, la lutte contre la pauvreté est aujourd’hui un phénomène qui reconfigure en profondeur les objectifs et les institutions dont se dotent les pouvoirs publics pour gouverner l’insécurité sociale. Lire la suite
Depuis le début des années 1970, la réduction de la pauvreté est un axe majeur des politiques sociales dans les pays industrialisés.
En Belgique, la mobilisation d’acteurs sociaux et politiques a débouché sur la création du minimex en 1974 et la publication du Rapport général sur la pauvreté en 1994. Pourtant, en dépit de l’omniprésence de la question dans les discours et l’action publics, la pauvreté n’aurait pas diminué à en croire les chiffres. Au contraire : elle concernait 11,53% de la population en 1985 et 15,5% en 2016.
Pourquoi l’impressionnant déploiement des politiques assistancielles « ciblées » sur les pauvres est-il allé de pair avec une croissance de la pauvreté ? Le paradoxe n’est qu’apparent, comme l’ouvrage se propose de le montrer. En réalité, la dynamique qui a fait des « pauvres » un nouveau sujet politique et articulé la « question sociale » autour de nouvelles catégories sociales « à risque » (les « jeunes », les « exclus », les « SDF »...), a accéléré la déstructuration des institutions et des valeurs de la société salariale. Dans ce cadre, le remplacement d’une vision fondée sur la sécurité sociale et le droit social par la lutte contre la seule « pauvreté » a contribué au discrédit des politiques keynésiennes d’après-guerre et des institutions qui les ont portées.
Compte rendu