Jean-Paul Goffinon réactualise pour nous de façon passionnante et rigoureuse les débats transatlantiques soulevés par l’œuvre de John Adams, l’un des Pères Fondateurs des États-Unis d’Amérique, tout en tirant des leçons très inattendues pour notre époque. Lire la suite
L’ouvrage de Jean-Paul Goffinon porte sur une question centrale de la philosophie politique : quelles sont les conditions du bon régime ? Faut-il, pour élaborer une bonne "constitution", réformer la nature humaine, tenter de rendre les hommes vertueux ? Est-il au contraire nécessaire de tenir compte de passions inéliminables, le régime le meilleur consistant dès lors à canaliser ces dernières ? Cette question traverse l’œuvre de John Adams, l’un des Pères Fondateurs des États-Unis d’Amérique.
Acteur important s’il en fut de la Révolution américaine, Adams est peu connu du public de langue française : l’importance théorique de son œuvre devait donc être explicitée.
Le mérite de ce livre, clair et extrêmement bien informé, consiste tout d’abord en la présentation théorique du rôle que joue la "passion de la distinction" dans une œuvre par ailleurs très disparate. Goffinon a non seulement étudié de façon approfondie l’œuvre d’Adams, mais il connaît également très bien les études les plus récentes concernant la Révolution américaine. C’est dans cette perspective qu’il fournit son interprétation. Adams a toujours considéré qu’une des passions fondamentales de l’homme était la passion de se distinguer. Celle-ci peut prendre diverses formes, de la plus médiocre, l’envie, jusqu’au désir de se distinguer par des actes qui resteront dans la mémoire et nous procureront donc une sorte d’immortalité. Toute philosophie politique qui dénierait le caractère constitutif d’une telle passion serait vouée à l’échec : la passion non reconnue comme telle - et donc non canalisée - se manifesterait de façon sauvage, menant aux pires formes de despotisme.
Adams, tenant compte de ces prémisses anthropologiques, analyse avec une grande subtilité les enjeux de la Révolution américaine, ainsi que l’échec, dû à l’égalitarisme, de la Révolution française. Ce faisant, il anticipe de façon très troublante la corruption démocratique et les totalitarismes contemporains.