Les tensions entre mesures et démesures traversent toute la sociologie du travail. Cet ouvrage collectif a fait le pari de « remettre à zéro » le compteur du travail, d’actualiser ces tensions jusqu’à éprouver les références qui servent de commune mesure aux chercheurs. Lire la suite
Le comble de la mesure, c’est le travail. On travaille en mesure, selon des cadences incorporées dans les flux de production et selon des pressions intériorisées. Le travail divise, se divise, se rémunère, il se présente comme étalon de tous les biens, mais n’a pas de valeur absolue. Et il faut bien des conventions pour que l’équivalence entre travaux puisse être établie. On dénombre des cycles, des heures et des jours ouvrables dont le travail déborde. Le travail ne se mesure jamais mieux que dans sa démesure, par excès ou par défaut, quand il brille par son absence, s’évade, surmène, résiste, fait grève ou bien s’épuise.
À présent, la mesure est comble. Partout, des pratiques professionnelles sont saisies par une profusion de mesures renouvelées : évaluation des compétences, indicateurs de performances, catégorisation des objectifs, normes de qualité, standardisation des procédures, benchmarking, facteurs d’impact. La démesure du travail serait-elle un corollaire de la production « sur mesure » ? Qui mesure quoi, comment et avec quels effets ?
Cet ouvrage collectif a fait le pari de « remettre à zéro » le compteur du travail, d’actualiser ces tensions jusqu’à éprouver les références qui servent de commune mesure aux chercheurs. Les différents angles de recherche s’y déploient en sept parties, amorcées par une présentation permettant de situer l’originalité de chaque contribution dans les mouvements de la sociologie du travail contemporaine.