L'ouvrage de Jean-Philippe Schreiber, au-delà de son titre, constitue une véritable histoire du judaïsme belge entre 1830 et 1914. Surtout, il retrace cette aventure extraordinaire qu’a été la modernisation du judaïsme au XIXe siècle, dans le pays où la liberté et la modernité se sont sans doute le plus affirmées : la Belgique. Lire la suite
Le XIXe siècle a été le théâtre d'un mouvement d’émigration sans précédent dans l’histoire du peuple juif. Fuyant la misère et l’hostilité des régions de l’Est européen, les Juifs ont gagné en masse l’Europe centrale et occidentale, puis les Amériques. De la sorte, le XIXe siècle a été le siècle par excellence de la rencontre entre le judaïsme et la modernité, précisément dans les États où les Juifs avaient émigré et avaient été émancipés.
Le Consistoire central, l’institution suprême des communautés juives imaginée par Napoléon, fut l’aiguillon de ce modernisme : il l’encouragea à travers sa réforme de la doctrine, de l’enseignement et du culte juifs, et par la politique novatrice qu’il mena dans le domaine social et religieux. L’idéologie consistoriale fut ainsi à l’origine de bouleversements culturels et sociaux majeurs au sein de la population juive.
Enfin, ce livre nous montre que les dirigeants du Consistoire, souvent libéraux et francs-maçons, se sont trouvés confrontés à deux exigences parfois contradictoires : l’affirmation de leurs convictions politiques et philosophiques et la défense des intérêts du culte israélite. Ce faisant, il constitue une contribution importante à l’histoire des querelles politico-religieuses dans la Belgique du XIXe siècle.