Le premier ouvrage contemporain, en français, consacré spécifiquement à l’échange politique. Lire la suite
Au départ, une question très ancienne : pourquoi et comment les hommes, pourtant si épris de liberté, consentent-ils à se soumettre de plus ou moins bon gré à la contrainte qu’exercent sur eux, au nom de la société, les détenteurs du pouvoir ?
La réponse la plus courante, actualisée par le triomphe au moins momentané du modèle libéral, est évidemment qu’ils y ont intérêt et qu’ils reçoivent quelque chose en échange de leur « servitude volontaire ». Mais l’insatisfaction surgit dès que l’explication, sous l’influence de l’économie, limite cet échange à ses seuls aspects marchands. Elle se fait d’autant plus vive que les théories récentes élaborées à propos de l’échange politique manquent singulièrement d’éléments concrets propres à les étayer.
Tout en faisant le point sur la littérature existante, et en particulier sur les travaux récents publiés en anglais à ce sujet, l’ouvrage privilégie délibérément les approches non économiques de l’échange politique. Partant de leurs domaines de recherche spécifiques, les auteurs ont voulu échanger leurs idées sur l’échange afin de mieux préciser le concept et surtout d’en tester l’utilité dans différents contextes. Il en résulte une étonnante convergence de pensée et un enrichissement incontestable du savoir pratique. Les problèmes de la légitimité et des rapports de force, des relations entre État et groupes sociaux organisés, des transferts de compétence entre les différents niveaux de pouvoir, de l’évolution des tâches des représentants politiques et des services à rendre aux électeurs, et enfin de la corruption comme possible corollaire du pouvoir, bénéficient ainsi d’un nouvel éclairage particulièrement utile à la compréhension des politiques d’aujourd’hui.
Les deux éditeurs, P.-H. Claeys et A.-P. Frognier, dirigent respectivement le Centre de sociologie politique (Institut de sociologie) de l’Université libre de Bruxelles et l’Unité de science politique et d’affaires publiques (Département des sciences politiques et sociales) de l’Université catholique de Louvain, qui concrétisent ainsi une collaboration transuniversitaire aussi amicale qu’efficace.
Compte rendu