Au-delà de ses aspects singuliers, l’histoire de la réhabilitation à Bruxelles témoigne des réorientations récentes de la politique urbaine, chargée d’agir sur les représentations sociales de la ville « en crise ». Son ambition est grande, mais ne risque-t-elle pas de s’essouffler à vouloir résoudre les lacunes d’autres politiques ? Lire la suite
Il y a 25 ans, un nouveau modèle d’habitat émerge peu à peu dans les villes, celui de l’habitat en quartier ancien. Sous l’effet d’une demande sociale forte, la réhabilitation du logement ancien acquiert une légitimité et s’institutionnalise. Au-delà des conditions qui l’ont rendue possible, elle révèle des transformations profondes du mode de spatialisation dans nos sociétés. Elle entre ensuite dans le champ de la politique urbaine, pour devenir un outil de gestion des quartiers anciens en déclin. Cette nouvelle pratique d’intervention sur l’espace urbain – en rupture avec les pratiques antérieures – fonde beaucoup d’espoir sur l’« humanisation » de la ville et sur une démocratisation de l’aménagement de l’espace.
Cet ouvrage montre qu’une fois devenu ressource spatiale, l’habitat ancien a fait l’objet, à Bruxelles, de stratégies multiples. Pratiquée par des acteurs tant privés que publics, aux intérêts divergents, la réhabilitation n’a guère contribué à améliorer l’image des quartiers les plus dégradés, encore moins le sort de leurs habitants. Les contraintes du système urbain ont joué, mais aussi la faiblesse de l’action publique, peu organisée et trop soucieuse de répondre à des intérêts locaux au détriment d’une vision globale du développement urbain.