Cet ouvrage propose une sociologie de la redéfinition de l’identité féminine après l’effondrement du régime communiste en Roumanie. Lire la suite
La conception normative du féminin n’est jamais absente des chantiers idéologiques ouverts aux moments de refondation de l’ordre social. La "transition" des années 1990 n’y fait pas exception et un répertoire diversifié de représentations de la place des femmes dans la société apparaît sur la scène postcommuniste. Les normes qui réglementent les rapports sociaux fixant les rôles féminins légitimes, les prises de position des agents individuels et institutionnels qui les élaborent et les diffusent dans le corps social, les luttes sociales et symboliques nouées autour de la fabrication du genre se situent au cœur du raisonnement mené dans cet ouvrage. Pour échapper aux problématiques préconstruites, à la généralisation hâtive, aux idées reçues et aux pièges de l’analyse macro-sociale, le travail prend tour à tour pour objet plusieurs lieux de production de la doxa contemporaine relative aux femmes. Il aborde dans une perspective critique les réformes politiques et les mesures institutionnelles visant à transformer leur condition après 1990, au même titre que l’activité associative féminine, notamment le rôle des ONG militant pour les droits des femmes et l’émergence d’un courant féministe dans l’espace universitaire. L’étude du discours des médias complète le tableau, à travers une comparaison de quelques magazines occidentaux importés en Roumanie dans les années 1990 avec une revue autochtone dirigée par une femme écrivain et dotée d’un lectorat à majorité féminine. Les formes de solidarité (réseau de charité et « communauté imaginée ») constituées autour de cette dernière montrent les femmes au cœur de groupes infrapolitiques en rupture avec l’offre institutionnelle, dont le potentiel à investir l’espace public voire à se transformer en mobilisation politique est analysé in fine.