Laurent de Briey confronte deux stratégies de renouvellement du projet moderne, celle de Jürgen Habermas et celle d’Alain Renaut. Il dégage les enjeux philosophiques sous-jacents à ces deux paradigmes et à leur conflit. Lire la suite
Lorsque, au début des années quatre-vingt, Habermas affirme que la modernité est un projet inachevé, il renouvelle sa confiance en une raison alors accusée d’avoir rendu possible la barbarie totalitaire. À l’encontre des chantres d’une post-modernité au mieux autocontradictoire, il conteste que le processus moderne de rationalisation soit en même temps un processus de déshumanisation. Toutefois, pour réaliser le potentiel émancipatoire de la modernité, il importe, selon lui, de procéder à un changement de paradigme philosophique afin de surmonter les insuffisances de la philosophie du sujet dans le cadre de laquelle demeureraient les philosophes modernes comme leurs critiques post-modernes. Habermas est aujourd’hui devenu l’un des philosophes contemporains les plus influents et sa volonté de renouveler le projet moderne est largement partagée. Cependant, est-il exact que ce renouvellement impose un changement de paradigme ? En quoi consiste un tel changement et quel en est le prix ? En renonçant à la philosophie du sujet au profit de la communication et de l’intersubjectivité, ne risque-t-on pas, comme le croit Alain Renaut, de miner le fondement de la responsabilité personnelle sur laquelle repose l’État de droit ? Dès lors, ne serait-il pas préférable de suivre Renaut lorsque celui-ci entend renouveler le projet moderne tout en demeurant au sein de la philosophie du sujet ? Le présent ouvrage entend répondre à ces questions en confrontant systématiquement ces deux stratégies de renouvellement du projet moderne et en mettant en évidence les enjeux philosophiques sous-jacents aux différents paradigmes philosophiques et à leur conflit.
Liste des sigles et des acronymes
Citations
Introduction
De l'objet « eurorégion » à la question de la communication transfrontalière
Les enjeux de la recherche
L’outillage conceptuel
Chapitre I - La matrice discursive eurorégionale
Les discours anticonformistes de la prédiction fédéraliste
Les discours institutionnels de la construction européenne
Les discours d’influence de la coopération transfrontalière
Conclusion : la structure d’opportunités et de contraintes transfrontalières
Chapitre II - L’esquisse d’euroterritoires modèles
À la recherche du discours eurorégional : quelques traits saillants du corpus
Le Conseil de l’Europe : une conception instrumentale et empirique des eurorégions
La Commission européenne : une sophistication de l’ethos préalable des eurorégions
Conclusion : la préfiguration des groupes d’intérêt transfrontaliers
Chapitre III - La prise en charge de la communication eurorégionale
Les institutions eurorégionales : une visée d’autolégitimation
Les acteurs économiques : une visée de reconversion
Les acteurs de l’enseignement supérieur : une visée de revitalisation
Conclusion : l’incarnation des intérêts transfrontaliers
Chapitre IV - Les eurorégions dans la presse
L’accès au thème eurorégional dans la presse
La mise en circulation du référent eurorégional
La séduction par l’ouverture à l’autre
Les modalités furtives de publicisation
Conclusion : la porosité entre l’information et les relations publiques transfrontalières
Chapitre V - Les tensions feutrées de la formation discursive eurorégionale
Les jalons polémiques posés par les discours dominants
Les contre-discours syndicaux, associatifs et médiatiques
Les effets produits sur la communication transfrontalière
Conclusion : de potentiels lieux de débats sur l’Europe ?
Conclusion et ouverture
Lecture communicationnelle à partir des dynamiques discursives
Lecture communicationnelle à partir des dynamiques sémiotiques
Prolongements
Bibliographie