Si l’enseignement "critique" de l’Université libre de Bruxelles nous est bien connu grâce à de nombreuses études historiques, une étude générale et approfondie de ses formations philosophiques et scientifiques restait à faire. Lire la suite
Fondée en réaction à l’édification de l’Université catholique de Malines en 1834 – installée l’année suivante à Louvain –, l’Université libre de Belgique – devenue Université libre de Bruxelles (ULB) en 1842 – avait, selon les termes de son fondateur emblématique P.-T. Verhaegen (1796-1862), un enseignement "négatif" ou "critique" – son opposition au cléricalisme – et un enseignement "positif" – ses formations philosophiques et scientifiques.
Ce livre se propose de procéder à une analyse "archéologique" de l’enseignement "positif" de l’ULB depuis sa préhistoire – les années de l’École de médecine (1823) et du Musée des Sciences et des Lettres (1827) – jusqu’à l’aube du XXe siècle – l’époque des premières publications de l’Institut de sociologie (1906). Par une analyse descriptive des formations philosophiques et scientifiques dispensées par l’ULB au XIXe siècle, cet ouvrage montre comment s’y est traduite l’idée selon laquelle une émergence de doctrines matérialistes et positivistes eut lieu dans la seconde moitié du siècle passé et quelles furent leurs implications en matière de religion. Parler ainsi d’émergence, au XIXe siècle, de courants de pensée matérialiste ou positiviste dans la production écrite du corps professoral de l’ULB signifie qu’il n’en fut pas toujours ainsi. Ce qui ruine l’idée d’une unité de pensée (éventuellement athée) qui aurait animé l’ensemble des Facultés de cette Université depuis sa fondation anticléricale en 1834. C’est pourquoi l’étude des formations philosophiques et scientifiques dispensées par l’ULB au XIXe siècle doit s’articuler autour des pôles du matérialisme, du positivisme et du spiritualisme, et des rapports qu’y entretiennent sciences, philosophie, métaphysique et religion.