Au Maroc, des migrants originaires d'Afrique de l'ouest et centrale décident de « signer la déportation » pour rentrer au pays. À travers cette expression émique, ils se rapportent en fait aux programmes d'« Aide au retour volontaire et à la réintégration » (AVRR) de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Lire la suite
Mais tandis que la décision de retour repose souvent sur une expérience de la violence des frontières, les migrants qui « signent la déportation » n'en sont pas moins capables de se positionner comme des auteurs de leur trajectoire, et de s'approprier le service de l'OIM, y compris pour circuler entre les Afriques méditerranéenne et subsaharienne.
En s'appuyant sur des terrains de recherche ethnographique menés au Maroc entre 2016 et 2018, l'auteure circule entre différentes villes du pays à la rencontre des hommes et des femmes qui s'engagent dans une procédure de retour. Elle part également à la rencontre d'un pluralité d'acteurs périphériques à l'OIM, qui jouent cependant un rôle décisif dans la mise en oeuvre de l'éloignement. Affilés à des organisations humanitaires ou caritatives, à des associations locales, ou plus directement à l'OIM, ces acteurs intermédiaires - dont certains sont issus des communautés migrantes - bénéficient d'une relation de confiance avec le public cible des programmes AVRR et contribuent à la circulation de l'information sur le retour. Mais bien loin de n'être que de simples relais locaux de l'OIM, ces acteurs intermédiaires négocient et interprètent leur rôle pour défendre des agendas qui leurs sont propres.