Personnage essentiel et injustement méconnu du XVIIIe siècle belge, Patrice-François de Neny fut, au long d'une carrière gouvernementale de près d'un demi-siècle, un élément moteur de l'appareil administratif autrichien à Bruxelles. Lire la suite
Fils d'un émigré irlandais devenu, dans la première moitié du siècle, secrétaire d'État et de Guerre, Patrice-François de Neny gravit successivement tous les échelons du gouvernement avant d'occuper de 1757 à 1783 le poste le plus élevé qu'un "Belge" pût alors ambitionner : celui de "chef et président" du Conseil privé.
S'inscrivant - non sans nuances - au sein du vaste courant des Lumières, et servant avec fidélité tant Marie-Thérèse que son fils et successeur Joseph II, il offre cependant l'image d'un homme fortement marqué par le contexte "national" des anciens Pays-Bas. Son attachement aux constitutions traditionnelles des principautés souligne notamment, tout comme son refus réitéré de l'arbitraire, ce qu'il doit au terreau juridique et institutionnel local, mais aussi à Montesquieu, le seul, parmi les "Philosophes", qu'il admire sans réserve.
Véritable "homme-orchestre" du gouvernement, il déploie ses compétences tant en matière diplomatique - l'actuelle frontière franco-belge lui doit beaucoup - qu'à la tête de l'Université de Louvain ou encore lors de la suppression, en 1773, de la Compagnie de Jésus. Chrétien convaincu, mais refusant, en bon gallican et philojanséniste qu'il est, l'intrusion de l'Église dans la sphère politique, il vise, comme Joseph II, à mettre le clergé au pas et à le rendre à sa destination originelle : le service de Dieu et du prochain.
Homme de cabinet, historien à ses heures, il ne néglige pas pour autant une vie privée et familiale que l'on devine empreinte de confort, de bonne chère et d'urbanité bourgeoise, que ce soit en son hôtel bruxellois, à sa "campagne" de Vilvorde, ou encore à Villers-sur-Lesse, en Ardenne, où il rejoint chaque été sa fille, Charlotte, et son gendre Pierre-Benoît Desandrouin.
Dans cet ouvrage, fruit d'une décennie de recherches, Bruno Bernard restitue, sous toutes leurs facettes, la personnalité et l'action de ce grand homme d'État.
Remerciements
Introduction
Première partie – Une vie au service de l'État et du souverain
Chapitre I. – 1716-1738 : Les années de fonnation
Patrick MacEneaney, de Donaghmoyne
L'enfance et le séjour au collège de Saint-Omer (1716-1731)
Les études à l'Université de Louvain (1731-1736)
Avocat au Conseil souverain de Brabant (1736-1738)
Chapitre II. – Le « cursus honorum »
Secrétaire-adjoint au Conseil privé (1738-1744)
Conseiller au Conseil privé (1744-1750)
Conseiller-régent au Conseil suprême des Pays-Bas à Vienne (1750-1753)
Trésorier général des Domaines et Finances (1753-1757)
Commissaire royal à l'Université de Louvain (1754-1783)
Chef et président du Conseil privé (1757-1783)
Titre comtal et distinctions honorifiques
Président de la Commission royale des Études (1777)
Chapitre III. – La vie familiale
Neny et les siens
Neny chez lui, à Bruxelles et à Fontigny
L'homme intime et ses amitiés
Deuxième partie – Les activités intellectuelles de Neny
Chapitre I. – Les lectures du chef et président
Une bibliothèque de travail
Survol d'une collection
Chapitre II. – La passion de l'histoire
Les « Mémoires historiques et politiques des Pays-Bas autrichiens »
Neny et l'histoire de l'Irlande
Troisième partie – L'homme d'État
Chapitre I. – Les premières armes
Se faire connaître (1738-1744)
Faire ses preuves (1744-1750)
Chapitre II. – « L'indispensable Neny »
Le Conseil suprême des Pays-Bas à Vienne
Le premier séjour de Neny à Vienne (juin-septembre 1751)
Les négociations de Bruxelles avec les Puissances Maritimes (1752)
Le second séjour de Neny à Vienne (juin-octobre 1753)
Chapitre III. – Économie et Finances
Le Conseil des Finances et son personnel
La gestion des « Domaines et Finances de Sa Majesté dans les Pays-Bas »
Neny et la vie économique des Pays-Bas
Chapitre IV. – Un quart de siècle à la tête du gouvernement des Pays-Bas
La « chef et présidence »
« Le train des affaires »
Les deux traités des Limites et l'imbroglio liégeois
Le « théâtre politique » du gouvernement de Bruxelles
« Ces augustes maîtres qui nous gouvernent »
Quatrième partie – Au service du bien public
Chapitre I. – « L'Église belgique »
Entre Foi et Raison
Neny et « l'Internationale janséniste »
De van Espen à Febronius
« Rendez à César ce qui est à César »
Les biens de mainmorte et l'ordonnance du 15 septembre 1753
Les dîmes : l'édit du 25 septembre 1769
La suppression des Jésuites
Chapitre II. – « La lumière perce partout »
La « tédieuse commission » de l'Université de Louvain
La réforme des collèges d'Humanités
Le rendez-vous manqué avec les Belles-Lettres
« La police de la Librairie »
Neny et les Lumières du siècle
« Des délits et des peines »
Neny et la société de son temps
Chapitre III. – Neny et Joseph II
L'empereur révolutionnaire
Joseph II à Bruxelles (juin-juillet 1781)
Le démantèlement de la Barrière et « l'affaire de l'Escaut »
Neny et la politique ecclésiastique de Joseph II
La pensée politique de Neny
« Mettre un intervalle entre la vie et la mort »
Conclusion : Les derniers feux de l'Ancien Régime
« L'Aufklärung chrétienne » : l'impossible mariage de l'eau et du feu
Les avatars « belgiques » du despotisme éclairé
Les butoirs de l'Ancien Régime
Annexe I : Généalogies
A. Crayon généalogique de la famille Mac Neny / de Neny
B. Crayon généalogique de Philippe-Goswin de Neny
C. Crayon généalogique de Marie-Thérèse de Neny
D. Crayon généalogique de Charlotte de Neny
Annexe II : Liste des ouvrages pointés par les censeurs dans la bibliothèque de Patrice-François de Neny
Bibliographie
1. Sources manuscrites
2. Sources imprimées et ouvrages du XVllIe siècle
3. Travaux relatifs à P.-F. de Neny et à sa famille
4. Autres travaux
Table des abréviations
Index des noms de personnes