Alors que le retour de la guerre en Europe au XXI e siècle démontre le caractère désormais central de la communication dans le processus de mobilisation des opinions publiques et des moyens de l'affrontement, la guerre coloniale en Indochine au milieu du siècle précédent est le moment d’apprentissage d’une arme alors nouvelle : l’information. Lire la suite
En contexte démocratique d'autonomie des journaux, l'armée française apprend non plus à taire les événements mais à saturer l’espace médiatique de son propre point de vue. Pour cela, elle développe des usages de coopération avec les médias et leurs journalistes, afin de les abreuver de faits et de moyens. Elle se fait incontournable sinon indispensable. Elle invente aussi ses propres moyens de production de photographies et de films qu’elle propose gratuitement aux journaux et aux actualités cinématographiques en France et à l’étranger. Ses propres reporters, plus en guerre que de guerre, véritables soldats de l’information, deviennent les yeux de l’opinion, tant leurs images captées au plus proche des combats sont diffusées par les médias, sans que ceux-ci disent à leurs publics l’origine institutionnelle et donc orientée de ces documents souvent remarquables. En Indochine se construit alors une culture partagée par les militaires et les journalistes, une expérience commune de coopération sur les terrains de guerre et à travers les supports médiatiques. Ainsi, mieux que la
propagande, l’information journalistique devient une arme.
Avant-propos
Introduction – Les guerres d'Indochine
1. Une guerre froide
2. Une guerre psychologique
3. Dans l'incertitude stratégique
4. Une école de guerre
5. Une fabrique collective
6. Penser un continuum
7. Une intense coopération
Chapitre 1 – Une communication faite système
1. Une communication descendante
2. Une « propagande insidieuse »
3. Soutenir le moral
4. Des « récepteurs distributeurs »
5. Des caravanes cinéma
6. L’« arme » de la propagande
7. L’empire de la guerre psychologique
8. Information versus propagande ?
9. Un service d’information distinct
10. Une « agence de presse »
11. La plume « épée »
12. « Frapper l’imagination »
13. Servir pour se servir
Chapitre 2 – Des soldats-reporters
1. Des effectifs importants
2. Des moyens croissants
3. Des pertes
4. Des militaires et des civils
5. Des militaires en civil
6. Des correspondants très particuliers
7. Un monde fluide
8. Un projet personnel
9. Un passage inattendu
10. Un désir d’ouverture
11. La voie du journalisme
12. Les portes du cinéma
13. Des opérateurs de la Nouvelle Vague
14. Des carrières dans l’ombre
15. Des inventeurs en communication
Cahier d’images
Chapitre 3 – Des journalistes en camp
1. Des envoyés en nombre variable
2. Quelques correspondants
3. Une carte militaire de presse
4. Une voie d’accès au journalisme
5. La prolifération des voix
6. La raréfaction de la parole légitime
7. La guerre invisible
8. Le club de la presse de Saigon
9. Le camp de presse de Hanoi
10. Le « cirque » du général
11. Un camp ambulant
12. La carotte
13. La culture partagée
Chapitre 4 – Un dispositif de coproduction
1. Une censure inégale
2. La « confiance » attendue
3. Inciter à la coopération
4. Le télégraphe ou l’avion
5. Rapprochement et réaction
6. Une économie de la censure
7. Silence et promotion
8. Un monde idéalisé
9. Un monde hiérarchisé
Chapitre 5 – L’enjeu des images
1. Une agence de presse et d’illustration
2. Signifier l’autorité et la normalité
3. Une floraison d’illustrés
4. Une intense couverture
5. Des crédits ambigus
6. Des images orphelines
7. Une intense utilisation
8. Héroïsés et invisibilisés
9. L’efficacité du Viêt-Minh
Conclusion