Ce livre résulte d’une enquête visant à déterminer les choix qu’opèrent les filles en matière d’orientation scolaire et la posture qu’elles adoptent à l’égard des sciences et des techniques. Lire la suite
Les vieux stéréotypes nous imprègnent toujours profondément. De nombreuses études nous apprennent pourtant aujourd’hui que les filles ne sont pas plus « sages » que les garçons, qu’elles ne sont pas moins douées pour les mathématiques et qu’elles ne sont pas indifférentes à la compétition scolaire. Sur ces plans au moins, filles et garçons sont à égalité.
Nous savons aussi, depuis bien plus longtemps, que la réussite scolaire est fonction d’abord de l’origine sociale des élèves avant toute autre caractéristique.
Pourtant, les pratiques scolaires restent largement sexuées. Les filles et les garçons n’abordent pas l’école avec les mêmes ressources, et ne bénéficient pas des mêmes opportunités pour affronter les études universitaires. Avec la « massification » de l’enseignement, non seulement les filles sont à présent plus scolarisées, mais elles réussissent aussi mieux que les garçons à l’école. Faut-il conclure que l’école reproduit la domination sociale tout en subvertissant la domination masculine qui marque toujours notre société ? Ne serait-elle pas dans ce cas « en avance » sur le monde professionnel, qui continue, lui, à inférioriser les femmes dans l’emploi ? Si l’on admet volontiers la meilleure réussite des filles, c’est pour contrebalancer aussitôt celle-ci par leur orientation scolaire. Plus souvent que les garçons, les filles sont reléguées vers les filières les plus dévalorisées du secondaire. À l’université, alors que les garçons issus des sections « maths fortes » se concentrent dans les filières « prestigieuses » et à forte composante scientifique, les filles issues des mêmes options du secondaire se répartissent de manière moins sélective dans l’ensemble des filières. Doit-on voir dans l’orientation des filles une regrettable désaffection à l’égard des études scientifiques ou au contraire les indices d’’une avance prise par les filles par rapport aux choix des garçons ? Ou encore, l’orientation universitaire des filles serait-elle leur réponse par rapport à la place qui leur serait faite dans les professions scientifiques ?
Ces questions balisent l’enquête menée en 2001 auprès des étudiant(e)s inscrit(e)s en première candidature à l’ULB. En retraçant leurs parcours et leurs projets scolaires, les auteurs tentent de saisir la posture spécifique des filles à l’égard des sciences et des techniques, sous le double éclairage de ce qu’elles font en choisissant telles études plutôt que telles autres, et de ce qu’elles disent qu’elles font.