La théorie des clivages de Lipset et Rokkan articule les problématiques de la construction de l'État moderne en Europe, de l’établissement des partis et des comportements électoraux. Elle est devenue un classique abondamment cité et commenté, comme en témoigne par exemple le nombre impressionnant de citations dans la base Google Scholar. Lire la suite
En 1967, les deux politologues de renommée internationale, Stein Rokkan et Seymour Martin Lipset, éditaient un ouvrage séminal consacré aux partis politiques et aux comportements électoraux. L'introduction de ce volume, qui est l’objet du présent ouvrage, est désormais un passage incontournable pour tout étudiant dans le champ de la science politique et de la sociologie politique. Celle-ci constitue la première présentation de la théorie de clivages, c’est-à-dire des grandes lignes de fractures qui traversent la société dans le temps long.
Selon Lipset et Rokkan, quatre clivages fondamentaux s’expriment dans la construction de l’État moderne autour de deux révolutions, la révolution nationale (l’édification de l’État et l’avènement de la démocratie parlementaire) et la révolution économique (le passage au mode de production industriel) : possédants/travailleurs, État/Église, Centre/périphérie, primaire/secondaire.
Ils prennent des formes différentes dans le temps et suivant les pays. À l’époque contemporaine, ces clivages sont des conflits qui s’expriment sur le mode pacifié, singulièrement dans la compétition électorale. L’identité et le fondement idéologique des partis politiques s’articulent autour de ces clivages et il en va de même pour les électeurs.