À la lumière des travaux récents sur la bourgeoisie européenne, l'ouvrage analyse les réactions des petits détaillants belges face à la modernisation de la société au tournant des XIXe-XXe siècles. Lire la suite
Les années 1880 à 1914 constituent un moment capital dans l'histoire de la petite bourgeoisie européenne. Elles sont marquées dans plusieurs pays par le développement des grands magasins, des magasins à succursales et des coopératives, par la naissance des premières associations de petits indépendants et, surtout, par l’intérêt soudain (et non dépourvu d’arrière-pensées) d’une partie du monde politique pour le petit patronat. En Belgique, cette sollicitude se traduit par la mise en place d’une véritable structure d’encadrement sous l’égide des mouvements catholiques, par la publication d’une série impressionnante de livres et d’articles sur "le problème social de la petite bourgeoisie", par l’organisation d’une commission nationale d’enquête, d’un Office des Classes moyennes et d’importants congrès nationaux.
Ce livre montre que pour négocier ce tournant essentiel de leur histoire, les commerçants privilégièrent trois axes stratégiques. Ils revendiquèrent des mesures législatives permettant de lutter à armes égales contre les nouvelles formes de concurrence. Ils développèrent un mouvement associatif assurant une meilleure présentation de leurs intérêts. Ils procédèrent à une réorganisation interne de leurs boutiques afin de les adapter aux nouvelles conditions du marché.
Cet ouvrage démontre aussi qu’une partie des débats qui agitent encore périodiquement le monde du petit commerce (l’ouverture des magasins le dimanche, la lutte contre les grandes surfaces, les plaintes à l’égard de la fiscalité, la critique de la faible représentation des classes moyennes...) puisent leurs sources au tournant des XIXe-XXe siècles.